3 / 4 MAI 1944

Le bombardement de Mailly-Le-Camp, durant la nuit du 3-4 mai 1944 représente un fait historique important pour la Seconde Guerre mondiale. Durant cette nuit, 362 appareils britanniques ont mené un raid massif contre le camp militaire de Mailly où se trouvaient des chars de la 9 éme Panzerdivison. Pourquoi un bombardement sur le camp de Mailly ? 

Le camp de manœuvre de Mailly, situé entre Reims et Troyes, à environ 130 km de Paris, se partage entre les départements de l’Aube et de la Marne. Il a été créé en 1902 et occupe aujourd’hui une superficie d’environ 12 000 hectares (un peu plus que la ville de Paris). Le camp est un lieu stratégique pour l’histoire militaire et sert depuis toujours à l’entraînement des troupes.

En 1913, le camp présente le canon de « 75 » au ministre de la Guerre, accompagné du général Joffre. Il fut très utilisé lors de la Première Guerre mondiale. Le camp joue un grand rôle dans l’arrêt de l’invasion allemande lors de la bataille de la Marne. Le camp devient aussi un terrain d’expérimentation pour les chars et les avions français. 

Jusqu’en juin 1940, le camp conserve une grande activité militaire, même pendant la guerre. Les Allemands l’utilisent pour regrouper les prisonniers français et l’occupent afin d’entraîner leurs équipages de chars.

Les Alliés savent que l’armée allemande utilise Mailly pour reconstituer et entraîner leurs forces blindées. En vue du débarquement en Normandie, les Alliés effectuent des bombardements sur des sites stratégiques pour affaiblir l’ennemi. Le bombardement du camp fait donc partie du plan de préparation en vue du débarquement.

Ainsi, des groupes de résistants sont chargés d’établir et de transmettre à Londres les plans des installations du camp et de signaler les unités. Fin avril, en raison de l’arrivée, de nombreux chars venant du front de l’Est, Londres décide de bombarder le camp. L’opération est confiée au Bomber Command, dirigé par Arthur Travers Harris, il est responsable notamment des campagnes de bombardements massifs sur l’Allemagne. La mission a pour objectif de détruire les cantonnements, les chars et les troupes allemandes du camp, sans faire de victimes civiles dans le village de Mailly-le-Camp et ses environs.

La plupart des bombardiers partent d’Angleterre à 22 heures, puis attendent à 25 km autour de Châlons-en-Champagne avant d’attaquer. Mais des problèmes radio empêchent la transmission de l’ordre d’attaquer, puis du contrordre d’abandonner la mission, pour finalement que 1 500 tonnes de bombes sont lâchées sur l’objectif. Or, les chasseurs allemands, des bases de Haute-Marne, de l’Aisne, de Seine-et-Marne décollent pour attaquer les bombardiers, alors un violent combat aérien nocturne s’engage.

Les pertes sont terribles, du côté Alliés, sur les 362 appareils engagés, 44 avions sont abattus. Les pertes s’élèvent au-dessus de la moyenne des autres missions des Alliés avec un taux de pertes de 12 %, 255 membres d’équipage perdent la vie. Du côté des Allemands, certaines sources évoquent jusqu’à 10 000 pertes. Sans compter, les victimes collatérales et l’impact psychologie sur les civiles, cela fut l’un des bombardements les plus marquants de France durant la Seconde Guerre mondiale.