Dans la partie du camp, derriĂšre le quai militaire et Ă 150 m environ du dĂ©pĂŽt dâessence, sâĂ©levaient deux baraquements longs chacun de 30 m et larges, lâun de 14 et lâautre de 8m, sĂ©parĂ©s de 15 m environ et servant dâabris Ă des camions automobiles.
Dimanche 12 aoĂ»t, vers 22 h 30, deux soldats du 6á” E.T.M, LechĂątre, originaire de la Dordogne et Khag-Vanug, Anamite, remplissaient le rĂ©servoir de lâun des 5 camions Berliet, remisĂ©s dans le plus petit hangar. Le bidon qu’ils tenaient fit explosion soudainement, communiquant le feu au rĂ©servoir du camion. Les cheveux et les sourcils grillĂ©s, les deux jeunes gens qui, par le plus grand hasard, nâavaient pas Ă©tĂ© brĂ»lĂ©s plus griĂšvement, sâenfuirent.
En un court instant les flammes se communiquaient aux rĂ©servoirs des quatre autres camions et bientĂŽt le hangar ne formait plus quâune fournaise Ă©pouvantable de laquelle on ne pouvait songer Ă sâapprocher.
Lâalarme jetĂ©e Ă travers le camp amena rapidement lâĂ©quipe des pompiers militaires et des centaines de soldats. M. le lieutenant-colonel Le TessiĂšre, commandant dâarmes, prenant la direction des secours, fit Ă©vacuer les 20 camions remisĂ©s dans le second baraquement. Le sauvetage s’opĂ©ra sous la menace des flammes qui dĂ©jĂ lĂ©chaient les parois du baraquement. Ă peine le dernier camion Ă©tait-il sorti que le hangar prenait feu Ă son tour. La pompe du camp prit Ă tĂąche surtout de protĂ©ger les baraques peu Ă©loignĂ©es servant de dortoir aux hommes. Le vent soufflant du nord, il nây avait pas de lieu de craindre pour le dĂ©pĂŽt dâessence situĂ© prĂ©cisĂ©ment au nord du foyer.
En moins de trois quarts dâheure, tout danger dâextension avait disparu et Ă la place de lâĂ©norme fournaise, il ne restait plus quâun enchevĂȘtrement de planches noircies achevant de se consumer et les carcasses tordues et mĂ©connaissables des camions dĂ©truits.
De nombreux habitants de Mailly accourus aux abords du camp suivaient avec anxiĂ©tĂ© les phases de la lutte contre le flĂ©au. Le marĂ©chal des logis de gendarmerie Royer accompagnĂ© de deux de ses gendarmes organisa le service dâordre, maintenant la foule des curieux Ă distance. LâenquĂȘte ouverte par le chef de brigade Royer nâa pu Ă©tablir les causes de lâexplosion du bidon dâessence qui dĂ©termina lâincendie. Les soldats LechĂątre et Khag-Vanug affirmĂšrent quâils ne fumaient pas alors qu’ils emplissaient le rĂ©servoir du camion.
Les dĂ©gĂąts sâĂ©lĂšvent Ă la somme de 300 000 francs environ : soit 50 000 francs pour les baraquements et 250 000 francs pour les 5 camions.