La chapelle de la Notre-Dame-de-la-Perthes

Le prieurĂ© (monastère) Notre-Dame-de-la Perthes était implantĂ© sur le territoire de la commune. Le prieuré appartenait Ă  l’ordre de Saint Benoit et Ă©tait implantĂ© au lieu-dit de la Perthe, Ă  l’endroit oĂą il ne reste aujourd’hui qu’une chapelle.  Le prieurĂ© Ă©tait situĂ© sur le territoire de la commune, Ă  environ trois kilomètres au nord-est du village, dans un petit vallon aride sur des coteaux, comportant des genĂ©vriers et des sapins. L’Ă©tymologie du nom du lieu-dit pourrait provenir du mot latin Perth, signifiant buisson et petit bois, et issu d’une mutation des langues celtiques.

En 1113, le lieu du prieurĂ© se voit doter d’une fonction religieuse : une bulle de Callixte assura Ă  l’abbĂ© Odon d’Auchy et Ă  ses successeurs la possession du prieurĂ©. Le prieurĂ© est alors rattachĂ© au diocèse de Troyes, en Champagne.

En 1118, Guy 1ᵉʳ, seigneur de Dampierre, de Saint-Dizier, de MoĂ«slains et de Saint-Just, donna, le jour de noĂ«l, l’actuelle lieu-dit de Perthes Ă  l’Ă©vĂŞchĂ© de Troyes pour y bâtir une Ă©glise. Le prieurĂ© apparaĂ®t comme Ă©tant dĂ©diĂ© Ă  Notre-Dame, et appartenait au doyennĂ© d’Arcis-sur-Aube, issu de l’ordre de Saint-Benoit.

La propriĂ©tĂ© du prieurĂ© dĂ©pendait de l’abbaye d’Auchy-les-moines en Picardie. Le pape Adrien IV confirma Ă  l’abbaye d’Auchy-les-moines la possession de l’église de Mailly.

En 1202, le village de Mailly, anciennement appelé Romaincourt, dépend du prieuré de Perthes pour la fonction religieuse.

En 1236, Guy de Joinville cède aux religieux d’Auchy son domaine aux alentours du prieurĂ© de Pethes.

En 1344, sur un document, il est fait mention d’un prieurĂ© se dĂ©nommant Perthe-les-Mailly avec un curĂ©, du nom Fremiz de Marcheville, pour le village de Romaincourt.

En 1407, ce prieurĂ© dĂ©pendait toujours de l’Abbaye d’Anchy-les-Moines, il Ă©tait dĂ©nommĂ© Perta en 1407, Parta en 1457, Prioratas Beatoe Marioe de Perta au XVIIe siècle, et Perta au XVIIIe siècle. L’Ă©vĂŞque de Troyes avait un droit de visite et de procuration sur le prieurĂ©.

Collection de mairie de Mailly-le-Camp

Un parchemin en latin datĂ© du 24 juillet 1454, rĂ©alisĂ© par l’AbbĂ© de Montcatz, constate qu’Ă  cette Ă©poque, un pèlerinage avait lien tous les ans Ă  la chapelle du PrieurĂ© lors du jour de l’Annonciation et que Waleran de Châtillon, seigneur de Dampierre avait Ă©tabli une confrĂ©rie dont tous les membres devaient venir Ă  un pèlerinage et verser ou envoyer une somme de quatre deniers parisis. Les confrères devaient payer huit deniers au moment de leur admission. Ce parchemin constate en outre que tous ceux qui donnaient de l’argent pour l’entretien d’une Ă©glise prenaient part aux prières.  Une certaine indulgence sur les cotisations Ă©tait accordĂ©e Ă  cette Ă©glise par le Cardinal d’Estouteville, lĂ©gat du Pape en France. Enfin, cette pièce se termine par une invitation aux Ă©vĂŞques de Troyes et de Celons de faire savoir toutes choses aux fidèles de leur diocèse.

En 1789, il n’existait plus qu’une chapelle possĂ©dĂ©e par monsieur Gargon, chanoine de Saint-Etienne de Chalons, et la fortune de ce prieurĂ© consistait en un tiers de dimes de Mailly et du fief de Grignon, et dans la propriĂ©tĂ© de 500 arpents de terre labourable, louĂ©s Ă  divers 100 livres, 253 boisseaux de seigle et 263 boisseaux d’avoine.  Les moines possĂ©daient la contrĂ©e dite aujourd’hui la Noue-les-moines, et ils avaient un droit de passage sur une autre contrĂ©e appelĂ©e l’Usance. Ce territoire reprĂ©sente aujourd’hui le territoire du Nord de la commune de Mailly-le-Camp et une partie de la commune de Poivres,  la limite au sud Ă©tant la riviĂ©re de la l’Huitrelles.

Ă€ la RĂ©volution, tous les biens et bâtiments du prieurĂ© Ă©taient aliĂ©nĂ©s et vendus comme biens nationaux. Le culte public Ă©tait suspendu Ă  Mailly pendant les jours de la Terreur et l’Ă©glise fermĂ©e par ordre de l’autoritĂ© supĂ©rieure. Cependant, le curĂ©, secondĂ© par la foi et la bienveillance des habitants, a pu rester dans sa paroisse et continuer durant ces jours Ă  administrer les sacrements et cĂ©lĂ©brer les messes dans un local disposĂ© Ă  cet effet. Sur la chapelle d’aujourd’hui, il est inscrit la date de 1791, cette date correspond surement Ă  la fin de la vie du prieurĂ©.

Vers 1860, les hĂ©ritiers Lorin, possĂ©dant la propriĂ©tĂ© sur laquelle est bâtie la chapelle, Ă©taient chargĂ©s de l’entretien du monument.

Il ne s’est passĂ© aucun fait qui mĂ©rite une mention particulière postĂ©rieurement Ă  1812 jusqu’Ă  1914.

En 1914, des habitants de Mailly, rĂ©fugiĂ©s dans la chapelle pendant la Première Guerre mondiale, avaient fait vĹ“u d’offrir un ex-voto Ă  Notre-Dame de Perthes si les Allemands n’envahissaient pas Mailly. Leur vĹ“u a finalement Ă©tĂ© exaucĂ©. Ce passage est restĂ© Ă  travers une plaque commĂ©moratif, redĂ©couverte autour de la chapelle dans les annĂ©es 2000. La plaque cassĂ©e en plusieurs morceaux Ă  fait l’objet d’une restauration en 2019.

La chapelle devient propriété de la commune lors du remembrement de 1991, un titre de propriété se trouve aux archives du Pas-de-Calais.

De nos jours, le pèlerinage Ă  Notre-Dame-de la Perthe se cĂ©lèbre le 8 septembre, jour de la NativitĂ© de la Sainte Vierge. Après la grande messe, on y vĂ©nère une antique statue de bois du XVIe siècle qui se trouve aujourd’hui Ă  l’Ă©glise Saint-Martin reprĂ©sentant la Vierge Marie.

En 2021, la chapelle fut entièrement restaurée.

Devenir membre des Archives

Vous souhaitez participez aux recherches historiques dĂ©diĂ©es Ă  l’histoire du bombardement du 3-4 mai 1944, ainsi qu’Ă  l’histoire plus gĂ©nĂ©rale du village de Mailly-le-Camp. Proposez nous votre candidature pour rejoindre les “archives du 3 & 4 mai 44” en contribution Ă  partager vos connaissances et en collaborant Ă  la prĂ©servation et Ă  la diffusion de documents historiques prĂ©cieux pour notre histoire commune.