la nuit du bombardement

EN ROUTE POUR MAILLY-LE-CAMP

DĂšs avril 1944, le camp fait l’objet d’une surveillance constante par des vols de reconnaissance aĂ©rienne et par la RĂ©sistance. Il constitue un lieu de centralisation pour les chars indispensables Ă  une contre-offensive en cas de dĂ©barquement des AlliĂ©s.

À l’approche de la date du dĂ©barquement de Normandie, les bombardements stratĂ©giques sur les villes, les rĂ©seaux de transport, et les usines d’armement s’intensifient.

Le dĂ©barquement en Normandie a lieu le 6 juin 1944, il doit permettre de reprendre le contrĂŽle de la France occupĂ©e par les Allemands. Cette opĂ©ration militaire des AlliĂ©s est considĂ©rĂ©e comme un tournant majeur de la Seconde Guerre mondiale. Les forces amĂ©ricaines, britanniques et canadiennes, ainsi que 177 combattants de la France libre du commando Kieffer (soit un total de 156 000 soldats), dĂ©barquent sur les plages de Normandie dans le cadre de l’opĂ©ration Overlord.

Le 3 mai 1944, l’Air Chief Marshal Sir Arthur T. Harris, patron du Bomber Command, considĂšre que les conditions sont rĂ©unies pour un raid sur le camp de Mailly le jour suivant Ă  minuit.

L’objectif stratĂ©gique est prĂ©cis : dĂ©truire la 9e Panzerdivision et l’atelier de maintenance des chars. Une condition particuliĂšre vient s’imposer pour l’exĂ©cution de l’opĂ©ration : aucune bombe ne doit tomber sur le village de Mailly-le-Camp.

AprĂšs 22 heures, sous un clair de lune et un ciel Ă©toilĂ©, 346 Lancaster, 16 Mosquito et 3 Halifax des groupes n° 1 et n° 5 du Bomber Command, dĂ©collent depuis le Lincolnshire pour bombarder en deux vagues successives le camp de Mailly. Cet ensemble fait partie des plus grandes concentrations de bombardiers sur l’Europe Ă  cette Ă©poque.

En montée, les bombardiers mettent le cap en direction de la ville de Redding, puis au sud-est pour passer vers Beachy Head en direction de Dieppe. AprÚs la cÎte française, les bombardiers se mettent en descente pour gagner de la vitesse en vol, ils atteignent la ville de Chùlons-en-Champagne à une altitude de 1 500 mÚtres.

UN MARQUAGE DE HAUTE PRĂ©CISION

Pendant ce temps, sur le secteur d’attente, vers ChĂąlons-en-Champagne, les appareils du groupe 5 n’ont toujours pas entendu l’ordre d’attaque et continuent d’attendre. Tandis que, les 177 Lancaster, de la premiĂšre vague, attendent au point de ralliement. La prĂ©sence prolongĂ©e de ces bombardiers ne pouvait qu’attirer l’attention des chasseurs allemands. Les premiers Lancaster sont alors dĂ©truits par la chasse allemande.

Les pilotes communiquent sur les mĂȘmes frĂ©quences entre eux. Soudain, une voix furieuse rompt le silence radio, s’adressant Ă  Cheshire : « Sortez de lĂ  ! ». En un instant, quelques pilotes terrifiĂ©s reprennent ces mots, impressionnant les autres Ă©quipages.

L'ENLISSEMENT DE L'OPĂ©RATION

Tout Ă  coup, les pilotes des Lancaster de la deuxiĂšme vague reçoivent l’ordre du contrĂŽleur supplĂ©ant : « DĂ©fense de bombarder. Attendre. » Jusque-lĂ , ils n’avaient pu saisir que des bribes des messages de Deane. Son supplĂ©ant, Sparks, attend plusieurs minutes. Comme la voix de Deane continue d’ĂȘtre inaudible, il dĂ©cide alors de prendre le contrĂŽle de l’opĂ©ration. Cependant, la voix de Sparks ne suffit pas Ă  mettre fin Ă  cette panique gĂ©nĂ©rale parmi les pilotes.

La voix d’un Wing Commander ordonne le retour au calme : « Maintenant, c’est terminĂ©. Coupez vos Ă©metteurs et attendez les ordres ». Mais les cris de panique se poursuivent et de nombreux autres bombardiers sont abattus.

Ce furent les 10 fusĂ©es larguĂ©es en bordure du camp qui mirent un terme Ă  la terrible attente. Le Squadron Leader Sparks donne l’ordre d’y aller et de bombarder : « À tous avions, cap sur l’objectif, larguez les bombes sur les marqueurs rouges. ».  Il Ă©tait 0 h 24 ; le retard Ă©tait de 5 minutes sur l’heure prĂ©vue pour le passage de la seconde vague.

En quelques minutes, l’objectif fut transformĂ© en un enfer. Les violentes et sourdes explosions des bombes de 700 kilos, les Blockbusters et les explosions des bombes de 230 kilos, perçaient des nuages de poussiĂšre et de fumĂ©e sur tout le camp. Des fusĂ©es Ă©clairantes, que larguent de temps en temps, les appareils, illuminent la scĂšne pour permettre la photographie des rĂ©sultats. Bien les marqueurs s’éteignirent, ou furent Ă©teints, et la zone dĂ©vastĂ©e par les bombes s’Ă©tendit un peu vers les champs situĂ©s au nord du camp.

À l’altitude de 1 500 mĂštres, les Lancaster sont secouĂ©s par le souffle de I ‘explosion, et par celui de l’embrasement des dĂ©pĂŽts de munitions du camp. Quelques avions qui n’avaient pas entendu les ordres de Sparks attendirent jusqu’à 00 h 30 et l’avant-dernier appareil Ă  bombarder I ‘objectif le fait Ă  00 h 44, 19 minutes aprĂšs l’heure prĂ©vue pour la fin d’attaque. Le dernier Ă  se rendre sur l’objectif est le contrĂŽleur supplĂ©ant de l’expĂ©dition.

L’ATTAQUE DURE 45 MINUTES et 1500 TONNES DE BOMBES TOMBENT LE CAMP

LA RIPOSTE ALLEMANDE

Les retards dans l’exĂ©cution de l’opĂ©ration donnent le temps aux allemands d’activer leur chasse de nuit.

À 23 h 30, 18 minutes aprĂšs que les 346 Lancaster et Mosquito passent les cĂŽtes françaises prĂšs de Dieppe, ils sont repĂ©rĂ©s par un radar, l’opĂ©rateur radio de cette radio dĂ©clare  » le fer de lance de la force vole au sud d’Amiens  » afin d’avertir son commandement.

Des dizaines d’Ă©quipages du III./NJG1 (dĂ©collent de Athies-sous-Laon vers 23h20-30h), NJG4 (de Dijon et Juvincourt ), NJG5 (Saint-Dizier) et I./NJG6 (un dĂ©tachement de Florennes en Belgique), plus la I./SKG10 et le Sonderkommando Kunkel (dĂ©collant en urgence de Nantes Ă  23h35) pui sont dirigĂ©s vers les bombardiers.

Au total, selon les informations des Britanniques, avec les dĂ©cryptages d’Ultra. Il est employĂ© par les allemands, 31 Bf110, cinq Do217, six Ju88, dix Fw 190 et 5 Me410.  Un renfort supplĂ©mentaire de la NJG1 et du NJG2 venant de Florennes, n’a pas pris contact avec la force aĂ©rienne. Ils sont dĂ©tournĂ©s en prĂ©vision d’une pĂ©nĂ©tration plus profonde du Bomber Command.

Les premiers combats aériens se déroulent dans les 80 derniers kilomÚtres avant Mailly. Mais la plupart des bombardiers sont abattus lorsque les Lancaster prennent le cap du retour, le clair de lune et les directives permanentes données par les contrÎleurs de la Luftwaffe permettent un véritable carnage.

La chasse allemande abat 33 des 42 Lancaster qui seront comptabilisĂ©s comme dĂ©truits durant la mission. Les autres bombardiers sont abattus Ă  cause d’autres bombardiers qui leur tombaient au-dessus ou par la DCA Allemande autour du camp.

LE LIEUTENANT WORSFOLD-VILLEREY TÉMOIGNE :

« Le 3 mai fut une nuit de terreur pour moi. Notre bombardier, un Lancaster, quitte la base de Lincinshire, avec un équipage de 8 hommes.

Nous avons volĂ© de Blaechy Head, du cĂŽtĂ© sud de l’Angleterre, puis traversĂ© la Manche vers le Havre et de lĂ , vers Troyes. Nous avons virĂ© pour aller bombarder l’usine de tank allemands de Mailly.

Nous avons attendu que la cible soit prudemment délimitée puis nous avons entrepris le bombardement. 

La rĂ©plique des Allemands fut terrible. Nous quittions juste la cible, lorsqu’un obus frappe un de nos moteurs. Au mĂȘme instant, un avion allemand nous prend en chasse, puis un autre. Le bombardier et moi-mĂȘme rĂ©pondĂźmes aux attaques jusqu’au moment oĂč je fus moi mĂȘme blessĂ©. L’appareil prit alors feu »  

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Pour la tĂ©lĂ©charger, vous pouvez aller directement sur les Playstore et les Apple Stores. L’application vous informera de l’existence d’une expĂ©rience de rĂ©alitĂ© augmentĂ©e avec une notification depuis votre smartphone.

Crédits photos : 

Photo durant le bombardement du camp 1. « Mailly-le-Camp ». Grande Bretagne. Royal Air Force. Collection HOURIGAN Margaret. IBCC Digital Archive ,https://ibccdigitalarchive.lincoln.ac.uk/omeka/collections/document/7223

Photo durant le bombardement du camp 2. « Mailly-le-Camp ». Grande Bretagne. Royal Air Force. Collection HOURIGAN Margaret. IBCC Digital Archive , https://ibccdigitalarchive.lincoln.ac.uk/omeka/collections/document/7042   

Photo durant le bombardement du camp 3. « Mailly-le-Camp ». Grande Bretagne. Royal Air Force. Collection HOURIGAN Margaret. IBCC Digital Archive , https://ibccdigitalarchive.lincoln.ac.uk/omeka/collections/document/7042

Photo durant le bombardement du camp 4. « Mailly-le-Camp ». Grande Bretagne. Royal Air Force. Collection HOURIGAN Margaret. IBCC Digital Archive ,https://ibccdigitalarchive.lincoln.ac.uk/omeka/collections/document/3562 

MOUZON L. Photo du camp aprÚs le bombardement. «Royal Air force: operations by the photographic reconnaissance units, 1939-1945». Grande Bretagne. Collection air ministry second world war official. Collection Imperial War Museums,  https://www.iwm.org.uk/collections/item/object/205023178