Un monde Ă  part

UN LIEU HORS DU TEMPS

En bordure du camp, dans les bois de Sainte Suzanne, le long de l’Huitrelle, se trouve un petit village de 80 habitants qui a été construit progressivement dans l’entre-deux-guerres. Ce lieu-dit est appelé le Village Nègre, et il est composé de baraquements de style Adrian construits à partir de matériaux de récupération.

Les origines du nom restent inconnues et sont controversĂ©es. Il pourrait s’agir d’un surnom pĂ©joratif, voire raciste, hĂ©ritĂ© des poilus français, pour dĂ©signer les installations sommaires dans lesquelles ils devaient vivre. Parmi les habitants, il y avait peut-ĂŞtre une minoritĂ© d’Ă©trangers d’origines russe, italienne, suisse et espagnole, selon les recensements. Le reste des habitants Ă©tait principalement originaire de la Marne et de l’Aube. Ce terme est apparu en mĂŞme temps que les premières constructions de ce lieu en 1910.

Le style Adrian est un style d’architecture inventĂ© par Louis Auguste Adrian, qui a Ă©galement inventĂ© le casque de protection qui porte son nom. Pendant la Première Guerre mondiale, constatant que les troupes ne trouvaient refuge que chez l’habitant ou sous des tentes individuelles, il a inventĂ© un baraquement de construction rapide et facile Ă  mettre en place. Les baraques Ă©taient recouvertes de toiles goudronnĂ©es, maintenues par une ossature en bois et chauffĂ©es avec un poĂŞle Ă  bois.

Au fil du temps, de nombreux commerces se sont installĂ©s dans le Village Nègre pour profiter de l’activitĂ© militaire du camp voisin. On y trouve de petits Ă©tablissements, principalement des dĂ©bits de boissons tels que le CafĂ© de la Huitrelle ou le Pavillon Bleu, ainsi que des guinguettes, des bazars, des coiffeurs et mĂŞme des maisons de passe.

La rivière de l’Huitrelle sert Ă  l’approvisionnement en eau de ces baraquements, et diffĂ©rents pontons ont Ă©tĂ© construits pour relier le camp Ă  cet endroit. La rivière contient des Ă©crevisses, des truites et des grenouilles.

C'est un petit univers parallèle, aux mœurs particulières, dont le seul but est de vivre aux détriments des normes et des règles de la société. Mais pour les soldats, c'est l'endroit idéal pour passer leurs temps libre le soir.

DéTENTE ET AMUSEMENT

Les propriétaires des établissements sont accueillants et des filles proposent leur services. La population est composée de marginaux qui vivent presque au jour le jour, sans confort, ni hygiène, proche de la vie nomade. Les gendarmes sont souvent appelés pour intervenir et rétablir l’ordre, lors de bagarres dans ce secteur.

Malheureusement, durant le bombardement du 3-4 mai 1944, ce village fut l’Ă©picentre du bombardement Ă  cause de sa proximitĂ© avec le camp. Les habitants, surpris dans leurs sommeils, courent, se rĂ©fugiant dans leurs abris, tout en cĂ´toyant les Allemands aussi en paniques. Le bombardement causera le dĂ©cès de 10 civiles dans cette partie du village, et ils seront tous reconnus “Morts pour la France”

À la suite du bombardement, la zone est totalement rasée par les bombes et aucun habitants ne restera habités à cet endroit après cet événement.

Aujourd'hui, certaines ruines de maisons et de commerces sont encore visibles dans cette partie du bois.

D'AUTRES BOMBARDEMENTS Ă  MAILLY ?

Le bombardement du 3-4 mai 1944, n’est pas le seul bombardement de Mailly. La commune est touchée par des attaques aériennes moins importantes, mais tout aussi impressionnantes. Lors de la Libération de la France, les Alliés lance des attaques aériennes sur des lieux stratégiques, notamment à Mailly :

  • Le 27 juillet 1944 Ă  19 h 20, la gare est mitraillĂ©e. Une locomotive est mise hors de service;
  • Le 8 aoĂ»t 1944, vers 3 h 30, un avion inconnu lance trois bombes en bordure de la nationale 77, Ă  50 mètres au sud du passage Ă  niveau de la voie ferrĂ©e, reliant la gare de Mailly au camp. Il n’y a pas de victimes, mais la ligne tĂ©lĂ©phonique de Mailly Ă  Arcis-sur-Aube est coupĂ©e;
  • Le 12 aoĂ»t 1944, un avion bombarde une rame vide sur une voie de garage Ă  la gare. Deux soldats allemands qui gardent les voies sont tuĂ©s dans le poste de garde de la Wehrmacht et trois sentinelles installĂ©s dans la salle d’attente des troisièmes classes sont blessĂ©es;
  • Le château d’eau de la commune fait l’objet de plusieurs mitraillages durant l’étĂ© 1944.

Lors de la libĂ©ration de la France, afin de faciliter l’avancĂ©e des AlliĂ©s, l’aviation mène en continue, jours et nuits, des attaques aĂ©riennes afin de perturber le repli des Allemands. Ainsi, les routes et les voies ferrĂ©es font l’objet de bombardement durant l’étĂ© 1944.  550 000 tonnes de bombes sont dĂ©versĂ©es sur la France, soit 20 % des bombardements AlliĂ©s. La France est, après l’Allemagne, le second pays le plus touchĂ© par les bombardements AlliĂ©s de 1940 Ă  1945. Moins de 7 % des bombes larguĂ©es atterries Ă  moins de 305 m d’une cible spĂ©cifique, moins de 20 % Ă  moins de 762 m.

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L’application du ¾ mai 1944 sera disponible et gratuite (premier trimestre 2024) sur l’ensemble des smartphones, elle ne nécessite pas de connexion internet permanente

Pour la télécharger, vous pouvez scanner ce QR code ou aller directement sur les Playstore et les Apple Stores. L’application vous informera de l’existence d’une expérience de réalité augmentée avec une notification depuis votre smartphone.

Crédits photos : 

Village du bois de Sainte-Suzanne. Collection ANCEL Christophe

Pavillon bleu au village Sainte Suzanne. Collection ANCEL Christophe

Village du bois de Sainte-Suzanne 2. Collection ANCEL Christophe

Ruine d’un baraquement au village de Sainte-Suzanne. MICHEL ThĂ©o. Collection mairie de Mailly-le-Camp

Bombardement de gare de Mailly. Collection TRIBOU Christiane